Assis sur une souche, je regarde coulé cette rivière qui me connaît depuis si longtemps et je décide de vous narrer une partie de ma vie de pécheur
Bambin j ai passé ma tendre enfance dans un petit village des Ardennes a la limite du département de l Aisne. Le long du jardin coulait un ru qui rejoignait le ruisseau des barres quelques kilomètres plus loin qui lui-même va se jeter dans la rivière Aisne, la même rivière qui m accompagne dans ma vie de pécheur. A l époque ou je vous raconte ce petit ru qui aujourd’hui n est plus qu’un vulgaire fossé envahi par l herbe, était capable de sortir de son lit, noyé la petite départementale et même d obliger l habitant a chercher refuge ailleurs
C est la que j ai découvert que sous l eau il y avait une vie, mes premiers têtards, tritons et salamandres je les ai pris dans le fossé jouxtant ce ru .année1960, le père truc avait pris des truites en tendant des bourses a lapin dans ce même fossé
C est peut être de la que m est venue la passion de la pèche ou bien plus tard quand la famille s aggrandissant, nous nous sommes retrouvés voisin d un paysan et de son fils pécheur. Je le revois préparer de grandes gamelles d amorce dans les bassines galvanisées qui servaient à faire la vaisselle .il mélangeait les patates cuites pour les cochons avec du son et il ajoutait le sang des volailles, dommage je ne suis jamais allé a la pèche avec lui mais je me rappelle bien de son matériel que je regardais avec envie
Mon père qui était féru de chasse, un jour acheta des cannes en bambou et décida de nous emmener un dimanche a la pèche, direction l étang de bairon .moi qui ne connaissais que la mare a canard de la ferme, qui d ailleurs me value une belle raclée : j avais fait entrer ma sœur dans la vase en chaussettes blanches, je regardais avec étonnement cette immensité d eaux
On s installa sur le bord de la route, celle qui coupe l étang en deux et je revois mon père sortir l unique gardon de cette partie de pèche.par la suite il nous emmena sur les bords du la Malacquise le long de la départementale 337.c est la que je pris mes premiers vairons, un veau crevé pris dans les barbelés de l abreuvoir, a chaque coulée on prenait un vairon. Le soir même je mangeais ma première friture
1966, les choses de la vie me conduisent sur les bords de la Suippe et la je vais prendre gout a la pèche.ma première truite 32cm, jeudi matin avec deux copains nous pêchons sous le barrage de la distillerie, une saumonée nous nargue, on décide de laisser sa méfiance s endormir en revenant a treize heures trente, rentré a la maison je raconte l histoire a mon père et lui me conseille de manger vite fait et d y retourner .a peine arrivé je pique la fameuse truite j abandonne la canne le panier et je repars en courant avec mon précieux trophée en chemin courant je croiserais mes copains, il n ai que treize heures !!!!!!
Quelle sensation, je péchais avec un bambou muni d un tambour tournant au toc, la canne dans une main le fil dans l autre, je sens encore les saccades de la truite qui engame et le cœur qui se met à battre la chamade.
La rivière qui coule au pied du jardin va devenir mon terrain de jeux favoris, avec une bande de copains on construira des barrages qui nous valurent de bonnes engueulades de la part des lavandières, on faisait monter le niveau de l eau et elles devaient remonter le lavoir
C est la que j ai appris la pèche a la pogne, avec le recul je ne suis pas trop fier, dans une propriété privée coulait l Arne un affluent de la Suippe, on planquait les cannes dans les buissons et on péchait a la main, nos quinze truites prises on repartait a l autre bout du village pour tromper les autre pécheurs
Quelle bruit quand on prit la grosse truite a trois heures du matin dans la reserve, on croyait l avoir notre permis gratuit, mais un vieux et habile pécheur remis les choses dans l ordre en prenant une bête de 47 cm honnêtement. A l époque ce monsieur possédait un moulinet automatique, un luxe pour nous gamins, de plus il péchait a la cuillère, bien trop chère pour nos tirelires
Je ne compte pas les fritures de vairon. Pendant la période estivale, on draguait la rivière à la recherche de macas, loches, une boite de conserve que l on posait en amont du caillou et des qu’on le soulevait le poisson se refugiait dans la boite et c est a cette époque que j ai découvert la lamproie en fouillant la vase
Mai éclosions des éphémères, on trainait le long de la rivière pour repérer les grosses truites qui mouchaient, je me rappelle de celle du lavoir sous les buissons derrière les douches communales, une maligne aucun d entre nous ne réussit à la mettre dans le panier
Lors de vacances dans le sud, je fis l achat de mon premier lancer et je connus une chute mémorable dans les eaux glacées de l Adour sur les rochers recouverts de mousse
1968 les jupes ont bien raccourcies, une jeune femme lavant sa voiture m offre la vision de sa petite culotte blanche et moi comme un couillon je mouline en matant : nom de dieu !!!j ai ramené un gros bec a mes pieds mais il est trop tard il m a vu et je louperais mon premier brochet
Dans cette suippe qui m a procuré tant de plaisir je vais connaître les premiers rempoissonnements et la curée lors de ceux-ci et ce sera le déclin de cette belle rivière
1970 je fais un bref séjour dans la haute marne, on prépare les canaux du Der, j irais faire quelques parties de pèche a la digue de Lescheres .puis retour dans les Ardennes en amont de mon village natal. Le ru de mon enfance est à sec. Deux années de suite je pécherai la truite avec un de mes oncles dans la Serre et puis dégouté de ces truites d élevage j abandonne
Jeudi c est le jour fermeture de la café épicerie de mon village, le cafetier va me faire connaître les joies de la pèche aux vifs dans le marais de la boetie.c était un vrai rituel, passage obligé par le bistrot, achat de cartes journalières, achat des vifs et de quelques bricoles ensuite le café et le pousse café, a sept heures du matin quand on a seize ans ça remue les boyaux et la tenancière avec sa grande gueule on ne pouvait pas boire du lait. Ensuite direction les étangs du fond et la j ai appris à pécher aux cordeaux. Le Jean sortait de sa musette ses engins de braconne, un cadre avec du 50 centiemes, des bouchons fabrication maison, une chainette et hameçons double, pendant qu’il lochait les vifs, on coupait une fourche d environ trois mètres qui nous servait à lancer les vifs. Ensuite on tendait cordeaux et lancers, allumage du feu et casse croute avec un verre de blanc, midi on chauffait les boites de conserves et l on péchait jusque la nuit tombée et c était ainsi pendant tous les jeudis d hiver
D ailleurs j ai toujours les Mitchell 316 achetés chez manufrance ainsi que le plic, quelle belle époque !!!!!
1974 en courant la gueuse, je rencontre un drôle de lascar Le secco un passionné de pèche et avec lui je vais découvrir la pèche aux leurres. Pendant plusieurs années on écumera la rivière Aisne entre Avaux le château et Seuil .Avec lui j ai découvert la pèche a la lotte .Quelle sensation j ai eu lorsque j ai traversé l Aisne en crue a vingt trois heures sur la passerelle du barrage avec pour toute lumière la clarté de l eau et tout ça pour pécher des lottes
Ensemble on taquinera la truite dans la Retourne ainsi que dans de nombreuses petites rivières telle que la Vaux qui se jette dans l Aisne
Il tentera de m initier a la mouche sans grand succès
1984 les années défilent, après un petit passage a vide je replonge a fond dans la pèche. La plombée sera ma technique la plus utilisée, je traquerai le barbeau un sacré bagarreur dans les rapides. Je fais l acquisition d une barque et la je vais sonder un parcours qui me permettra de localiser le poisson suivant les saisons et la couleur de l eau. Ca me rappelle qu’un jour par temps de chien, je suis amarré a la limite d un haut fond, tant bien que mal je réussis à prendre un vif sitôt piqué sur la canne a brochet et il tombe des cordes. A un moment mon attention est attirée par le bouchon qui se trouve plonger juste sous la surface, je saisis la canne et ramène le vif je sens bien une anomalie. Mon cœur s emballe j ai maitre esox a mes pieds, le roi de la rivière s est rendu sans se defendre, il est énorme plus du mètre, ma joie sera de courte durée il va me faire une démonstration de sa force, il démarre direction l arbre immergé en face et rien n y fera et l hameçon s arrache de sa gueule
1987je quitte les Ardennes pour l Aisne, le marais de la Béotie redevient mon terrain de jeu .je pèche la perche dans la souche, ce canal creusé par la main de l homme pour assécher le marais recèle de nombreuses zebrées.la meilleur période : au moment du faucardage les perches sont prises de folies, la virgule blanche fait des ravages dans leur rang
1990 je débarque dans le soissonais.Ma belle rivière est canalisée, toute rectiligne, plus de gravier, plus d herbiers, je me rabats sur les étangs, j amorce un coup au blé, les tanches sont mes principales prises. A cette époque je me cherche, il me faut une autre pèche. Un après midi je vais faire une rencontre, je viens d aider des copains à nettoyer une place, un véhicule s arrête et nous voila a discuter : il nous raconte pécher la carpe, il m explique le no kill, me sort son album photo .Avec son approbation je vais l accompagner plusieurs soirées a la carpe. Un soir nous sommes assis et je vais assister a mon premier départ de carpe, un départ fulgurant qui me surprend .Je ne le sais pas encore mais je viens de recevoir le virus carpe
Un jour je prendrais le temps de vous raconter les années carpes. A bientôt